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Jusqu'en 1962,
trois textes fondamentaux régirent l'organisation de la Légion
d'Honneur:
- la loi de création de l'Ordre
du 29 floréal an X (19 mai 1802);
- l'ordonnance royale du 26 mars
1816;
- le décret impérial
du 16 mars 1852.
Aucun de leurs
articles ne contenait de dispositions se rapportant à l’attribution
de la décoration aux collectivités, y compris les villes.
Un mois avant
sa seconde abdication, Napoléon 1er décida d'honorer trois
communes bourguignonnes. Le 22 mai 1815, il promulguait le décret
suivant:
“Voulant donner
une preuve particulière de notre satisfaction aux communes de Châlon-sur-Saône,
Tournus et Saint-Jean-de-Losne, pour la conduite qu'elles ont tenue pendant
la campagne de 1814,
Nous avons décrété
et décrétons ce qui suit:
Article premier - L'aigle de
la Légion d'Honneur fera partie des armes de ces villes.
Article 2 - Nos ministres de
la guerre, de l'intérieur, et notre grand chancelier de la Légion
d'Honneur sont chargés, chacun en ce qui le concerne, de l'exécution
du présent décret"
Aucune nomination
dans l'Ordre de la Légion d'Honneur, faite par l'empereur pendant
les Cent jours ne fut reconnue sous la Restauration. Le roi Louis-Philippe
les homologua, sauf celles des villes, par Ordonnance du 28 novembre 1831.
On ne sait à
la suite de quelle intervention le roi, par lettres patentes, selon Henri
Tausin, par Ordonnance, d'après Robert Louis, du 6 septembre 1831,
régla les armoiries de Châlon-sur-Saône en posant, sur
une champagne de gueules l'insigne de la Légion d'Honneur au naturel.
Elle fut donc
la première cité de notre histoire pour laquelle l'insigne
de la Légion d'Honneur prit place à l'intérieur de
ses armoiries.
A sa demande,
le roi homologua officiellement par Ordonnance du 1er octobre 1831, le
décret impérial du 22 mai 1815, pour Saint--Jean-de-Losne.
Mais en ce cas, il semblerait que l'étoile de la Légion d'Honneur
ait été posée sur une champagne d'azur, contre-venant
ainsi aux règles de l'héraldique napoléonienne, qui
l'eussent exigée de gueules.
Par décret
du 10 août 1861 Napoléon III sur demande du Mai-re de Tournus,
restitua à cette ville sa décoration, posée en cœur
de l'écu de gueules, au-dessus d'un château à trois
tours d'argent et mouvant d'un chef d'azur chargé de trois fleurs
de lis d'or, selon Henri Tausin, Robert Louis la pose en pointe.
Au cours de cette
campagne de 1814, cinquante-deux volon-taires de Roanne: "attaquèrent
nuitamment, sur la commune de Saint-Symphorien-de-Lay, un poste d'Autrichiens
de 800 hommes, le pillèrent, brisèrent leurs armes (...)
capturèrent sept chevaux et ramenèrent neuf prisonniers".
Pour ce fait d'armes, Napoléon III décréta, le 7 mai
1864:
"La ville
de Roanne (Loire) est autorisée à ajouter à ses armes
la croix de la Légion d'Honneur."
La décoration,
au naturel, est suspendue à un ruban mouvant du chef de l'écu
d'azur à un croissant montant d'argent.
Telle était
la situation à la naissance de la Troisième Répu-blique.
Le lecteur remarquera que les termes: "fera partie des armes" et
"ajouter à ses armes", n'impliquaient pas nécessaire-ment
l'introduction de l'insigne, quel qu'il fut, à l'intérieur
de l'écu.
Le 3 octobre 1877,
le Président de la République Mac-Mahon:
"Prenant en
considération la demande présentée par la ville de
Châteaudun (...)
Voulant perpétuer
le souvenir de la résistance héroique opposée, en
1870, à l'invasion de l'armée allemande (...)
Décrète:
La ville
de Châteaudun est autorisée à faire figurer, dans ses
armoiries, la croix de la Légion d'Honneur qui sera posée
en chef de l'écu."
Le rapport de
proposition émanait du Président du Conseil garde des sceaux,
chargé également de l'exécution du décret.
C'était
la première fois que la formule: "est autorisée à
faire figurer, dans ses armoiries, la croix de la Légion d'Honneur",
était employée. Elle devait l'être jusqu'en 1916, soit
pendant quarante ans.
Par contre,
cette rédaction était la dernière où l'emplacement
de la décoration était précisé.
Le 19 avril 1896,
à la suite du rapport du ministre de la guerre sur la proposition
des ministres de la guerre, de la justice et de l'intérieur, après
avis du Conseil de l'Ordre de la Légion d'Honneur, dans sa séance
du 15 avril 1896, le Président de la République décrétait:
"La ville
de Rambervillers est autorisée à faire figurer, dans ses
armoiries, la croix de la Légion d'Honneur."
Cette rédaction
devait pendant vingt ans, pour douze villes de France, être la seule
utilisée.
Rambervillers sixième ville
de France avec Belfort à recevoir cet hommage était la première
de Lorraine.
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A cette époque,
l'insigne n'était pas épinglé sur un coussin, avec
remise d'un diplôme. Comme le stipulait le décret, c'était
aux armoiries de le recevoir selon les formes définies par l'autorité
municipale. Belfort, par exemple, modifia son blason en relevant la composition
initiale, juste ce qu'il fallait pour coudre une champagne de gueules destinée
à y poser la décoration.
Rambervillers
ne procéda pas ainsi. Aucun des modèles existants: moulage
exposé au Musée (7, 11) sculptés sur la
statue de la défense (14) et son piédestal (8,
9); même celui placé sur la façade de l'Hôtel
de Ville, au milieu de l'arc de pierre construit en 1733, sur ordre de
la princesse régente Elisabeth-Charlotte d'Orléans, autour
des armes de feu le duc Léopold, son époux (A.D. des Vosges
BB 28 et CC 135), comme le représente une photographie prise antérieurement
à 1896 (11) , ne trouva grâce. On n'adopta pas
davantage la gravure du XVIe siècle surmontant le heurtoir de la
porte principale de la mairie (1) , blasonnée dans l'
-Armorial général de France -, le 2 août 1697, sur
déclaration des Officiers municipaux (2).
Le choix se
porta sur une composition abusivement attribuée au duc Léopold,
en conséquence de sa souveraineté sur la Châtellenie
de Rambervillers, bien que l'on sache qu'auparavant trois villes lorraines
seulement eurent leurs armoiries concédées par des ducs et
une régente.
Cette représentation
(3) était celle blasonnée par Claude Charles,
peintre ordinaire du duc Léopold et héraut d'armes de Lorraine
dans un armorial consacré aux bailliages et prévôtés
créés par Edit du 31 août 1698 lors du retour sous
la souveraineté de leurs ducs héréditaires de la Lorraine
et du Barrois.
Constant Lapaix
le privilégia pour constituer son - Armorial des villes, bourgs
et villages de la Lorraine, du Barrois et des Trois Évêchés
- Nancy 1868 et 1877, soit plus d'un siècle trois-quarts après
celui de Claude Charles.
Pour Rambervillers,
il qualifia la composition, dans laquelle il avait quelque peu modifié
la disposition des
lettres I.R.(10) :
"d'armes parlantes", sans autre explication que: "Rambervillers était
le chef-lieu d'une prévoté bailliagère seigneuriale
qui fut créee en 1718".
Fait rigoureusement exact.
Cependant un
bref regard sur cette période historique montre que les négociations
du Traité de Paris, du 21 janvier 1718, durèrent vingt ans
par suite d'une interruption continue de quatorze années due à
la guerre de Succession d'Espagne et à la mort du roi Louis XIV.
Pendant ce temps, le duc Léopold avait pris, le 7 novembre 1707,
une Ordonnance pour l'administration de la justice dans les duchés
de Lorraine et Barrois; enfin, I'article XIII du Traité de Paris
déclarait que la souveraineté ducale sur la Châtellenie
de Rambervillers, s'appliquait aux droits: "qui appartenaient ci-devant
à Sa Majesté, à quelque titre que ce soit, en sorte
qu 'Elle et les Rois ses Successeurs n'y devront désormais rien
prétendre: sans préjudice aux droits de Propriétés,
Domaines Revenus, Justice et Juridictions qui appartiennent dans lesdits
lieux à l'évêque de Metz, et aux autres Vassaux, lesquels
leur sont conservés en leur entier à la charge de faire exercer
lesdites justice et juridictions dans l'étendue de la Châtellenie,
et desdits Roville et Domtaille, sous le ressort des Cours supérieures
du Duché de Lorraine, par les Officiers résidans sous sa
domination".
Confirmation
en était donnée par lettres patentes du 15 juillet 1718 à
Mgr Henri-Charles du Cambout de Coislin, évêque de Metz (A.D.
de Meurthe et Moselle B 144). Un peu plus d'un demi-siècle plus
tard, le roi Louis XV adressait, à sa requête, à Mgr
Louis-Joseph de Montmorency-Laval, évêque de Metz, d'autres
lettres patentes datées du 17 octobre 1772, condamnant les contestations
et prétentions des Officiers du bailliage de Lunéville, auquel
l'Edit du roi Stanislas de juin 1751 avait rattaché la Châtellenie
de Rambervillers et rétablissant les évêques de Metz
dans tous les droits dont ils jouissaient antérieurement.
Les pièces
aujourd'hui disparues: matrice des armoiries de Rambervillers gravée
en 1774 par Charles Michel (A.D. des Vosges CC 178), médaille d'argent
remise à Jean-François Clavert en février 1785 (A.D.
des Vosges BB 66), présentent très probablement des images
similaires à celle du signet empreint au bas d'une lettre du 9 décembre
1787 (6), (A.D. des Vosges BB 68), et à la description
faite dans la délibération des Maires et Officiers municipaux
du 8 août 1790: "Par décret de l'Assemblée Nationale
du dix-neuf juin dernier tout titre de distinction et armoiries sont supprimés
que, dans les circonstances du tems, nous ne pouvons plus faire usage du
cachet qui servait aux attestations et actes délivrés par
la Municipalité, attendu qu'il porte pour empreinte les ci-devant
armoiries de la ville de Rambervillers traversées en direct d'une
crosse d'évêque qui représente le seigneur du lieu...",
(A.D. des Vosges D 1).
Les dernières
armoiries communales de Rambervillers, lors de leur suppression dans l'ensemble
du royaume, furent donc celles représentées et décrites
ci-dessus.
Ces quelques
précisions historiques permettent de conjecturer que Claude Charles,
anticipant sur les conclusions du Traité de Paris à propos
du rang qui pourrait être attribué à Rambervillers
et sa Châtellenie dans les Juridictions créées par
l'Édit
du 31 août 1698 et en fonction
des dispositions de l'Ordonnance du 7 novembre 1707, aurait pu omettre,
ou ignorer, les droits réservés aux évêques
de Metz et composer alors les armoiries (3) dans lesquelles:
la croix de Lorraine symbolisait la souveraineté ducale, les initiales
I.R., lustice de Rambervillers, comme sur le sceau de 1775 (5)
et les croissants la connotation d'une dépendance du bailliage de
Lunéville, dont les armes possèdent ces figures.
Faute d'une
représentation connue, ou en usage à l'époque ne peut-on
présumer une composition hypothétique ?
Dès
la création du blason destiné à recevoir la Légion
d'Honneur (20, 22, 23, 25, 26), M. Léon Germain de Maidy,
une première fois dans le journal "L'Espérance" des 13-14
septembre 1896, puis, avec la réponse de l'auteur dans - Journal
de la Société d'Archéologie Lorraine et du Musée
Historique Lorrain -, de novembre, posa la question des origines et de
la signification de la composition.
Quelques années plus tard, cette communication fut transcrite dans
- Mélanges historiques sur la Lorraine -, Nancy ? pages 448 à
457. Henri Tausin - Les villes décorées de la Légion
d'Honneur - Paris 1898, page 48, rappelle cette intervention. Feu M. Jacques
Meurgey de Tupigny, conservateur aux Archives de France, chargé
du cours d'héraldique à l'École des Chartes déclarait
au cours d'une conférence: "Rambervillers a un blason très
compliqué: d'abord une croix de Lorraine, puis les lettres I.R.
et, par dessus encore l'étoile. Si l'on représentait ce blason
en relief ce serait une véritable pyramide. " (Bulletin des Vieux
papiers n° 109,1924. page 327). Est-ce la raison pour laquelle il "oublia"
de consacrer une notice à Rambervillers dans - Armoiries des provinces
et villes de France - Paris 1929.
Le 12 février
1901, le garde des sceaux adressait aux Maires des villes décorées
de la Légion d'Honneur, de 1896 à 1900. une dépêche
dans laquelle il déclarait notamment:
"Une conception
ou un réglement d'armoiries ne peut être accordé à
une ville que par un acte du Pouvoir Exécutif, c'est-a-dire, en
l'état des lois constitutionnelles, par un décret du Président
de la République."
Selon M. Ie Chanoine
Choux (introduction à l'édition de 1974 de l'Armorial de
Constant Lapaix, page VIII):
"L'Ordonnance de Louis XVIII,
du 26 septembre 1814, reste toujours en vigueur". Elle n'est cependant
plus appliquée.
M. le garde des
sceaux demandait un projet peint accompagné d'une délibération
du Conseil municipal, confirmée par le Préfet. Ces pièces
lui furent adressées le 2 avril. Le projet n'était autre
que la composition en usage depuis 1896, mais il manquait sa description.
Le ministère
de la justice la réclama le 28 mai, avec la signification des lettres
I.R. II remarquait, en outre, que ces lettres d'or posées sur un
écu d'argent étaient en contradiction avec les règles
de l'héraldique, interdisant de placer métal sur métal
et émail sur émail. ll commettait une erreur, peut-être
due à l'absence de description, car il ne pouvait ignorer que le
terme "brochant" autorisait cette disposition. Ses correspondants furent,
hélas ! incapables de soutenir cette justification.
Le 23 mars 1902
après une année de correspondance entre la mairie et le ministère
de la Justice le Président de la République signait le décret
réglant ainsi les armoiries municipales de Rambervillers:
"D'argent,
à la croix de Lorraine de gueules, la traverse de la croix chargée
au centre de l'étoile de la Légion d'Honneur, accostée
des lettres capitales I et R d'azar, la première à dextre
la seconde à sénestre et de deux croissants du même."
La syntaxe héraldique
indécise n'est pas exempte de reproches.
Par décret
du 11 novembre 1948, Rambervillers, citée à l'ordre de la
division recevait la croix de la guerre de 1939-1945 avec étoile
d'argent. Une citation à l'ordre de l'armée avait, par décret
du 26 octobre 1925, conféré à la ville celle de la
guerre de 1914-1918 avec palme. Comment associer ces marques d'honneur
aux armes de la cité ?
Vers la fin
des années 1920, n'ayant, selon certaines assertions, consulté
personne, le Maire aurait pris la liberté de placer la première
croix, dans les armoiries (de 1896), sous la Légion d'Honneur et
fait graver celles-ci en tête des papiers officiels de la mairie.
Un moulage peint vint, ensuite, orner le trumeau de la cheminée
du grand salon de l'Hôtel de Ville. Il est toujours visible. Pouvait-on
le lui reprocher ? Non ! Car depuis 1922 Belfort, jumelle en Légion
d'Honneur de Rambervillers et Saint-Dizier, possédaient les décrets
de règlement de leurs armoiries avec croix de guerre dans celles-ci,
signés par le Président de la République et, ce qui
n'avait pas été le cas pour ceux des années 1900,
publiés dans le Journal Officiel de la république. En 1924,
Paris obtenait, dans les mêmes conditions, de pouvoir officiellement
suspendre cette décoration côté sénestre de
sa Légion d'Honneur.
Le Maire de Rambervillers
ne pouvait-il se rapporter à ces précédents ? Rien,
cependant, n'exclut l'existence d'une délibération du Conseil
municipal, sanctionnée par un vote, approuvant sa décision
et son choix ! La chose est à vérifier.
La composition
de 1950 représentée, avec explications, dans le tableau de
l'Hôtel deVille (30) n'est pas exempte d'observations.
M. Ie Chanoine Choux (Introduction à l'ouvrage cité, page
IX) déclare:
"Généralement
les armoiries des villes n'ont ni tenants ni supports et sont simplement
disposées entre deux palmes ou deux rameaux croisés" (7,
8, 9, 26)
Des avis autorisés
nous ont fait connaître qu'ils jugeaient assez mal adaptés
les soutiens des armoiries de Rambervillers. Les crosses épiscopales,
insignes de dignités par excellence (Claude-François Ménestrier,
de la Compagnie de Jésus - La méthode du blason - Paris M
DC XXX VIII, page 306) n'y auraient pas leur place.
Dans un même
texte, on lit:
"Les armoiries
données à Rambervillers par le duc Léopold sont: "D'argent,
à la croix de Lorraine de gueules, aux deux lettres I et R d'or
brochant sur le tout et côtoyées de deux croissants montants
de gueules."(3, 10, 28)
et, quelques
alinéas plus loin:
"...le décret
(du 23 mars 1902, n.d.l.r.), forme un tout et la Légion d'Honneur
ne peut figurer sur les anciennes armes de Léopold. Ce sont les
Armoiries réglementaires (celles du décret, n.d.l.r.) qui
furent sculptées, en 1923, sur le monument aux morts de l914 (29)
Pourquoi en ce
cas, être revenu, par la suite, à leur attribution au duc
Léopold.
Quel sens donner
à ces paradoxes sinon celui d'une méconnaissance, par les
auteurs du projet, d'une des règles les plus élémentaires
de l'héraldique sur l'emploi du terme "brochant", et de leur manque
de résolution pour rappeler aux services compétents du ministère
de la justice à une plus stricte lecture du projet soumis à
leur examen ? En tout état de cause la propre responsabilité
de ceux-ci n'est engagée.
C'est à
l'autorité municipale, avec la population et suivant avis de la
Commission Nationale d'Héraldique que la définition des
armoiries communales doit être
réalisée. Une délibération du Conseil municipal,
suivie d'un vote, établit l'acte fondamental de leur création
et de leur expression symbolique.
Si la commémoration
du centenaire de la décoration de Rambervillers de la Légion
d'Honneur, doit avoir pour but principal de glorifier les héroïques
combattants, les victimes et les martyrs des tragiques journées
d'octobre 1870, il faut aussi se souvenir que c'est aux habitants, dans
leur ensemble, par le moyen des armoiries municipales que l'hommage fut
rendu à la cité.
Rambervillers
a été, au cours de la guerre de 1870-1871, I'unique ville
de France dont les seuls habitants organisés en garde nationale
sédentaire, et non en francs-tireurs comme on a encore trop tendance
à le faire croire, tentèrent en un combat désespéré,
d'interdire à l'envahisseur l'entrée de leur ville.
Elle ne reçut
pas, comme Saint-Quentin, qui la précéda d'une journée
dans la lutte, les félicitations et les remerciements du Gouvernement
de la Défense Nationale, pour l'exemple donné; ou comme Châteaudun
dont l'héroïque défense, neuf jours plus tard, exalta
l'admiration de la France entière et à laquelle participèrent
trois femmes, dont une jeune fille de dix-huit ans, n'obtint l'élogieuse
mention: "A bien Mérité de la Patrie". Mais la vénération
lui est due.
Il faudra désormais
attendre vingt ans le renouvellement d'une semblable commémoration.
Mais ce sera, cette fois, la ville la plus prestigieuse de Lorraine qui
recevra cet honneur
Le 13 septembre
1916, pendant les combats, le Président de la République,
Lorrain lui-même, conférait, dans les souterrains de la citadelle
de Verdun, avec la Légion d'Honneur, les marques des plus hautes
distinctions de six États alliés.
De 1920 à
1929, elle devait en recevoir dix-sept autres.