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CROIX de guerre de 1914-1918 par LH Fleurence |
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Des trois décorations dont nous avons entrepris de retracer très succintement l'histoire, la Croix de la guerre de 1914-1918 n'était pas commémorative. C'était un insigne destiné à récompenser une action d'éclat, un fait d'armes ou, pour les personnes civiles, un acte particulier de courage, de dévouement, accompli pendant les hostilités (36).
Cette croix était de plus, sous certaines conditions, remise
aux familles de ceux qui avaient fait le sacrifice de leur vie: tués,
disparus dans les combats ou les naufrages, victimes des bombardements
ou décédés après avoir été cités.
Institution de la décoration
La Croix de guerre fut créée par la loi du 8 avril 1915
et le décret du 23 du même mois (37). C'est une
croix aux quatre branches identiques avec, entre elles, deux épées
entrecroisées. Le centre représente, à l'avers une
tête de République couronnée de lauriers avec en exergue
"REPUBLIQUE FRANCAISE", au revers le premier modèle portait
l'inscription
1914 -1915. Celle-ci devait au fur et à mesure de la durée
du conflit devenir: 1914 -1916, 1914 -1917, 1914 -1918.
L'insigne était suspendu par une bélière formée par un simple anneau de bronze à "un ruban vert avec liseré rouge à chaque bord et comportant cinq bandes rouges de un millimètre cinq." (38).
Ce ruban est absolument identique à celui de la Médaille de Sainte-Hélène.
"Le ruban de la Croix de guerre est celui d'une vieille médaille française, que les vétérans du Premier Empire portèrent fièrement jadis: la Médaille de Sainte-Hélène. Cette médaille n'ayant plus de titulaires en 1915, le Gouvernement français eut l'heureuse idée d'utiliser ce ruban désormais sans emploi, et de lier ainsi la gloire des campagnes des vétérans du Premier Empire, avec celle des campagnes du Poilu français de la Grande Guerre". (39)
Nous n'avons pas cherché à connaître le nombre des titulaires de cette décoration. Il est certain qu'il est de beaucoup supérieur au million; dans le canton de Rambervillers il est probablement de plusieurs milliers.
Comme nous l'avons écrit dans l'avant-propos, il convenait de mentionner cette décoration pour ce qui la rapproche de la Médaille de Sainte-Hélène, et non d'entreprendre une étude sur les conditions de son atttibution. Cela est du domaine de l'histoire de la guerre de 1914 -1918, que nous maintenons hors de notre propos. Ce qu'il faut cependant dire c'est que, renouant avec une tradition remontant à Napoléon Ier (40), des villages et des villes dont les populations eurent à subir directement les effets de la guerre, furent citées à l'ordre de l'armée et reçurent des décorations: Légion d'honneur et Croix de guerre, l'attribution de la première entraînant obligatoirement celle de la seconde.
Neuf communes du canton de Rambervillers furent citées à l'ordre de l'armée et reçurent la Croix de guerre avec palme, ce sont: le 30 avril 1920 Domptail et Saint-Benoit-la-Chipotte; le 30 août 1920, Sainte-Barbe; le 21 octobre de la même année, Anglemont, Doncières, Clézentaine, Ménil-sur-Belvitte et Saint-Pierremont. Enfin, le 26 octobre 1925, Rambervillers plaçait à côté de sa Légion d'honneur cette modeste décoration.
La Croix de la guerre de 1914-1918 eut, dans celle de 1939-1945, son héritière. Ce qui distingue cette dernière de son ainée, outre le millésime gravé au revers, c'est son ruban, dont le liseré rouge a été élargi jusqu'à couvrir la partie comprise, de chaque côté, entre le bord et la première bande rouge de la précédente, réduisant le nombre de celles-ci de cinq a trois.