Avant-propos sur les médailles du Second Empire
par LH Fleurence

Dans la nuit du 4 août 1789, les privilèges de la noblesse et du clergé furent abolis. Le 19 juin 1790, l'Assemblée nationale, "demanda qu'on effaçât tous les titres fastueux qui blessaient l'égalité" (1), et en 1792 la Convention supprima le port de "toute marque extérieure de "distinction" fut-elle d'honneur''; bien que créées au début de la Révolution, I'insigne des "Vainqueurs de la Bastille", spécialement réservé aux gardes françaises et celui du "Trésor Sauvé", accordé à la Garde Nationale de Belleville, qui s'était opposée au pillage de l'Hôtel de Ville, subirent le même sort (2).
 
La seule distinction que la Révolution n'avait pas aboli était celle accordée sous le nom de "Médaillon de Vétérance", aux soldats et "bas-officiers" ayant accompli, loyalement et vaillamment, plus de vingt quatre années de services militaires". Mais il n'y eut probablement plus de nominations après 1791"(3).

Le 29 floréal an X (19 mai 1802), le général Bonaparte, premier Consul, devait combler le vide laissé par la Convention en créant l'Ordre de la Légion d'honneur; mais c'est l'Empereur Napoléon Ier qui, le 22 messidor an XII (11 juillet 1804), remplaça par l'étoile du conquérant la croix du Christ des ordres monarchiques (4).

Si l'on excepte le retour à ces Ordres monarchiques et la création de quelques décorations nouvelles pendant la Restauration; si l'on considère comme occasionnelle l'institution par Louis-Philippe, à l'intention des combattants et des blessés des Trois Glorieuses de la "Croix de Juillet" et de la "Médaille de Juillet", ainsi que de la "Médaille de Mazagran" décernée aux cent vingt trois chasseurs qui soutinrent le siège de cet écart de Mostaganem, la Légion d'honneur a marqué le début de la longue série des distinctions honorifiques, appelées communément décorations, de la période contemporaine et fut, pendant un demi-siècle, la marque principale de la reconnaissance nationale pour services rendus à la Patrie, à titre militaire ou civil.

Il fallut attendre le 22 janvier 1852 pour qu'une nouvelle distinction vit le jour. Un rnois après le succès du plébiscite qui sanctionnait le Coup d'Etat du 2 décembre 1851, Louis Napoléon Bonaparte, premier Président de la Republique créait, à l'intention plus particulière des sous-officiers et soldats, la "Médaille Militaire".

Les campagnes du Second Empire donnèrent l'occasion de créer des médailles commémoratives. Les deux premières furent décernées par la Reine Victoria d'Angleterre. Pour les marins et soldats qui firent capituler la forteresse de Bomarsund dans les îles d'Aland, à l'entrée du golfe de Finlande, elle créa la "Médaille de la Baltique" et, pour le corps expéditionnaire qui opéra en mer Noire, pendant la guerre contre la Russie, la "Médaille de Crimée".

Napoléon III devait instituer de semblables décorations pour les combattants de la guerre d'Italie (1859) (5), et pour ceux des campagnes de Chine (1860 -1861) et du Mexique (1862-1866). C'est à lui qu'on doit la création "du systèrne de récompense
dont la France manquait pratiquement depuis la fin de l'Ancien Régime, système qui devait rester en vigueur jusqu'à l'époque actuelle" (6).

Mais la première médaille commémorative créée par lui, fut dédiée à la mémoire et à la gloire de son oncle, l'Empereur Napoléon Ier. Destinée aux survivants des campagnes de la République et de l'Empire, elle reçut le nom de "Médaille de Sainte-Hélène". En raison de la période d'un quart de siècle qu'elle rappelle et symbolise, eu égard au grand nombre de militaires français et étrangers qui la reçurent, on peut la considérer comme la première médaille commémorative française (7).

C'est sur elle que se portera notre intérêt. Pour les comparaisons qui peuvent être faites avec elle, nous lui associerons la "Médaille commémorative de la guerre de 1870-1871", instaurée sensiblement dans les mêmes conditions que celle de Sainte-Hélène et la "Croix de la guerre de 1914-1918", parce qu'elle symbolise plus que tout, les sacrifices des combattants, morts, disparus et survivants, ces derniers chaque année de moins en moins nombreux, de la première Grande Guerre mondiale de notre histoire; mais aussi parce qu'elle fut suspendue au même ruban que celui de la "Médaille de Sainte-Hélène".
 
 

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